Apport de la trichoscopie dans le diagnostic de l’agent causal des teignes du cuir chevelu

La trichoscopie est un outil rapide, facile et peu coûteux, dont l’intérêt dans le diagnostic des teignes du cuir chevelu (TCC) est démontré. Toutefois, son apport dans le diagnostic de l’espèce de dermatophyte responsable n’est pas encore bien établi. Notre étude a pour objectifs de décrire la fréquence des signes trichoscopiques dans les teignes microsporiques (TM) et trichophytiques (TT) et de préciser leur intérêt dans le diagnostic de l’espèce responsable. Nous avons mené une étude descriptive transversale colligeant les cas de TCC, dont le diagnostic a été confirmé par une culture mycologique. Pour chaque patient, nous avons décrit l’ensemble des signes trichoscopiques, puis nous avons calculé leurs fréquences respectives et la force de l’association de chaque signe, pour les groupes des TT et des TM. Nous avons colligé 62 cas de TCC, incluant 60 enfants d’âge moyen 6,7 ± 3,2 ans (1–16 ans) et 2 adultes âgés de 62 ans et 63 ans. L’examen mycologique a permis d’identifier 48 cas de TM, exclusivement due à Microsporum canis et 14 cas de TT (Trichophyton violaceum dans 13 cas et Trichophyton rubrum (T. rubrum) dans 1 cas). Nous avons démontré que certaines structures trichoscopiques étaient spécifiques des TT ou des TM. Les cheveux en code à barre et en zigzag étaient associés aux TM (Odds ratio (OR) de 33,3 et de 7,7 respectivement), alors que les cheveux en tire-bouchon et les cheveux en virgule étaient plutôt prédictifs de TT (OR de 4,7 et de 3,9 respectivement). Les cheveux en code à barre étaient objectivés chez un seul patient ayant une TT à Trichophyton rubrum. Les cheveux cassés et les points noirs n’étaient pas associés à l’un des 2 groupes de TCC. Les cheveux coudés étaient plus fréquemment observés dans les TM (49 %) que dans les TT (35,7 %) sans que la différence ne soit significative (p = 0,2). Les cheveux en i et les cheveux en block étaient notés dans 22,5 % et 19,4 % de tous les cas de TCC, sans être discriminatifs en fonction de l’espèce. Des squames diffuses, des squames périfolliculaires et des gaines blanchâtres péri-pilaires étaient fréquemment objectivées dans les TCC (82 %, 97 % et 55 % respectivement), sans être spécifiques des TT ou des TM. Nous avons par contre, remarqué que l’association des squames blanchâtres et jaunâtres était volontiers évocatrice de TM. À travers notre étude, nous avons pu montrer l’intérêt de la trichoscopie dans le diagnostic de l’espèce de dermatophyte responsable. Les cheveux en code à barre, sont décrits comme étant hautement spécifiques des TM, ce qui a été confirmé par nos résultats. Toutefois, nous avons objectivé ce signe trichoscopique dans un cas de TT à T. rubrum. Quoiqu’exceptionnellement responsable de TCC, T. rubrum, contrairement à T. violaceum, peut envahir le cheveu sur le mode endo-ecthotrix. Ainsi, la présence de cheveux en code à barre serait plutôt corrélée au mode d’invasion ecthotrix, pouvant se voir aussi bien dans les TM que dans les TT. La trichoscopie est un outil utile dans le diagnostic de l’espèce de dermatophyte responsable de la TCC. Les cheveux en code à barre, hautement spécifiques des TM, sont probablement corrélés au mode d’invasion ecthotrix.