Expliquer l’utilisation au quotidien du membre supérieur parétique après accident vasculaire cérébral

L’accident vasculaire cérébral engendre fréquemment une atteinte sensorimotrice d’un membre supérieur, réduisant initialement l’utilisation du membre dans les activités du quotidien [1]. La récupération sensorimotrice est un prérequis nécessaire à l’utilisation du membre parétique. Toutefois, le phénomène de non-utilisation apprise nous montre que certains sujets n’utilisent pas spontanément leur membre supérieur parétique alors même qu’ils en auraient les capacités [2]. L’objectif était d’expliquer l’utilisation spontanée à domicile du membre supérieur parétique, mesurée par accéléromètrie, par une combinaison linéaire de scores cliniques et cinématiques. Notre hypothèse était que plus les scores cliniques seraient élevés et plus le score cinématique serait faible, plus grande serait l’utilisation spontanée du membre parétique dans les activités du quotidien. Les données de vingt-quatre sujets du protocole ReArm [3] ont été étudiées. Les variables mesurées étaient les données accéléromètriques de l’utilisation des membres supérieurs au domicile pendant sept jours d’une part. L’évaluation clinique des capacités motrices au travers du Fugl-Meyer Upper Extremity, du Wolf Motor Function Test et du Box & Block Test, ainsi que l’évaluation cinématique de la non-utilisation du complexe épaule-coude lors d’une tache d’atteinte (PANU) d’autre part. Nos résultats ont indiqué que l’évaluation cinématique de la non-utilisation du complexe épaule-coude n’expliquait pas l’utilisation spontanée du membre parétique au domicile, contrairement à notre hypothèse. Cependant, l’utilisation du membre parétique était, en partie, expliquée par les évaluations cliniques, notamment par la performance au box and block test. Nous discutons de ce résultat à la lumière de la littérature récente qui met en exergue les facteurs psychosociaux qui concourent à l’utilisation du membre parétique dans les activités du quotidien [4], [5]. Une approche bio-psychosociale apparaît alors intéressante pour mieux appréhender l’utilisation au quotidien du membre supérieur parétique après accident vasculaire cérébral. Cette étude a été financée par un appel d’offres du Ministère des Solidarités et de la Santé, PHRIP 2018-0731, NTC 04291573.