Les traitements de substitution aux opiacés : enquête auprès de patients et de pharmaciens sur la prise en charge à l’officine

Introduction Les traitements substitutifs aux opiacés (TSO) représentent aujourd’hui le traitement de référence dans la prise en charge de la dépendance aux opioïdes. Actuellement, les prescriptions des TSO se font majoritairement en médecine libérale, et les pharmaciens d’officine s’impliquent de plus en plus dans la délivrance de ces traitements. Mais quelle relation s’établit réellement entre le pharmacien et le patient dans cette prise en charge particulière ? Méthode Une enquête a été réalisée auprès de patients et de pharmaciens répartis sur l’ensemble du territoire national de novembre 2020 à avril 2021 afin de faire un état des lieux de la prise en charge actuelle des patients sous TSO, ainsi que des ressentis et attentes de chacun afin de percevoir les évolutions possibles pour améliorer cette prise en charge. Résultats Les résultats portent sur les réponses de 50 patients et 46 pharmaciens d’officine.Les patients ont un âge médian de 38 ans, la plupart sont des hommes (2/3) et 48 % sont traités par méthadone. Les principaux motifs de décision de sevrage après une consommation d’opiacés de 9,3 ans en moyenne, sont les raisons de santé, les décisions familiales ou professionnelles puis les raisons financières. Les patients semblent satisfaits de leur prise en charge globale avec une notation supérieure à 8/10 mais ils semblent plus insatisfaits des compétences de leur pharmacien en matière de sevrage (note de 6,6/10). Les pharmaciens ayant répondu à l’enquête sont peu à connaître le type d’addiction de leurs patients (33 %). Ils semblent satisfaits du rôle qu’ils ont dans la délivrance des TSO mais pointent des difficultés de communication avec certains de leurs patients ainsi qu’au niveau interprofessionnel. De plus, ils jugent la formation universitaire en addictologie insuffisante, ce qui explique le manque d’entretiens pharmaceutiques sur cette thématique pour 98 % d’entre eux. Conclusion Les patients traités par TSO semblent assez satisfaits de leur prise en charge par les médecins et pharmaciens. Cependant, un entretien pharmaceutique pourrait encore l’améliorer (temps d’écoute favorisé, explications et conseils sur leur traitement…). Pour les pharmaciens, le frein à cet entretien est leur manque de connaissances en addictologie. L’augmentation de la formation dans cette thématique au sein des universités serait donc bénéfique pour la relation patient–pharmacien et l’efficience de la prise en charge des patients.