Impact psychologique de l’allergie alimentaire chez l’enfant : étude de 80 enfants dans 2 centres d’Île-de-France

La prévalence de l’allergie alimentaire chez l’enfant est en augmentation (8 %). Cette pathologie génère appréhension et anxiété chez l’enfant allergique et sa famille. L’objectif principal de notre étude était d’évaluer l’impact psychologique de l’allergie alimentaire chez l’enfant et ses parents. Étude rétrospective multicentrique entre l’unité d’allergologie des hôpitaux Ballanger et Bicêtre. Chaque parent accompagnant et chaque enfant hospitalisé pour un test de provocation ou une immunothérapie orale a rempli un questionnaire de qualité de vie utilisé régulièrement dans nos services, inspiré des dernières publications. Nous avons inclus 80 patients âgés de 3 à 15 ans entre juillet et septembre 2021. Les allergènes impliqués étaient l’arachide, les fruits à coque, le lait et l’œuf. La majorité des parents décrivaient une réaction sévère (grades III–IV) et estimaient que la prescription d’adrénaline dans la trousse d’urgence était rassurante. Les plaintes les plus fréquentes étaient le stress, la peur, et également l’existence de pleurs chez leurs enfants. Près de 25 % des répondeurs disaient avoir vécu un traumatisme. Près de 75 % des parents estimaient que l’allergie de leur enfant limitait leur activité en voyage ou en famille, avec majoration du temps des courses dans 50 % des cas. Plus de 30 % des parents estimaient que leurs enfants étaient plus anxieux et avaient déjà évoqué la mort avec eux. Un état de stress post-traumatique a été évoqué chez 8 % des enfants. Des troubles de l’oralité présents ou passés ont été retrouvés dans 62 % des cas. La notion d’être différent des autres est apparue chez 31 % des enfants, 61 % des enfants ont ressenti de la frustration causée par leur allergie. La peur d’une réaction, de sa gestion et des conséquences médicales concernait plus de 50 % des enfants. Ces résultats soulignent la nécessité d’un suivi psychologique, primordial pour l’enfant allergique alimentaire et ses parents, et confirment les données de l’étude européenne APPEAL sur l’arachide. Notre étude a aussi permis d’introduire des notions peu étudiées telles que les troubles de l’oralité et l’état de stress post-traumatique qui sont à rechercher systématiquement.