Suivi médical après un cancer pédiatrique : les survivants avec un risque accru de cardiomyopathie sont-ils régulièrement suivis ?

Introduction Les adultes gueris d’un cancer de l’enfance ou de l’adolescence sont a risque de complications cardiaques responsables d’une surmortalite a un âge jeune. Les anthracyclines et l’irradiation de l’aire cardiaque en sont des facteurs de risque majeurs. Les recommandations internationales preconisent un suivi medical pour ces patients par echographie cardiaque tous les cinq ans. Les objectifs de cette etude etaient de : – determiner si les survivants de cancer pediatriques definis comme a risque eleve de cardiomyopathies ont un suivi conforme aux recommandations ; – analyser les facteurs associes a la non-adhesion a ce suivi ; – etudier l’impact de la consultation de suivi a long-terme, un dispositif recemment cree, sur l’adhesion au suivi. Methodes Parmi les 7670 sujets de la cohorte FCCSS (« French Childhood Cancer Survivors Study ») survivants a cinq ans d’un cancer traite avant l’âge de 20 ans entre 1948 et 2000, 5249 etaient toujours vivants en 2019 et chaines aux donnees du SNDS, permettant d’identifier la realisation d’echographies cardiaques de 2006 a 2018, via les tables du DCIR et du PMSI. Les sujets exposes a la fois a une dose d’anthracycline ≥ 100 mg/m2 et a une dose de radiation ≥ 30 Gy sur le ventricule gauche (n = 75), ou exposes a une forte dose d’anthracycline (≥ 250 mg/m2, n = 757), ou exposes a une forte dose de radiation sur le ventricule gauche (≥30 Gy sur au moins 10 % du volume du ventricule gauche, n = 85), et n’ayant pas deja developpe une pathologie cardiaque avant ou pendant la periode d’etude ont ete definis comme etant a risque eleve de cardiomyopathie et ont ete inclus dans l’analyse (n = 917). Des modeles multivaries de regression logistique ont ete realises pour identifier les facteurs associes a l’absence d’echographie cardiaque au cours des cinq dernieres annees (i.e. de 2014 a 2018) chez ces sujets a risque, incluant des facteurs sociodemographiques (sexe, âge, niveau d’etude) et cliniques (âge du diagnostic du cancer pediatrique et traitements). L’association entre la venue en consultation de suivi a long-terme, proposee a partir de 2012 pour les sujets suivis a l’Institut Gustave Roussy (n = 650), et la realisation d’une echographie cardiaque chez les sujets a risque a ete etudiee par des modeles de Cox, afin de considerer la consultation de suivi comme une variable dependante du temps et pouvoir ainsi modeliser les periodes « sans » et « avec » une consultation de suivi, pour ensuite estimer plus finement l’association de cette derniere avec le temps de survenue d’une echographie cardiaque. Resultats Parmi les 917 sujets a risque eleve de cardiomyopathie (sexe-ratio H/F = 1,25, âge median au diagnostic de cancer = 7 ans [etendue : 0-19], âge median en 2019 = 41 ans [etendue : 19-73]), 291 (31,7 %) ont eu au moins une echographie cardiaque au cours des cinq dernieres annees, comme preconise par les recommandations. Les hommes (OR 1,73, p = 0,007) et les sujets âges de moins de 50 ans (OR 2,29, p = 0,006) avaient un risque plus eleve de ne pas suivre ces recommandations. Le fait de se rendre a une consultation de suivi a long-terme augmentait de 5,5 fois les chances d’avoir une echographie cardiaque chez ces sujets a risque (HR 5,51, p  Conclusion Deux tiers des survivants a risque eleve de cardiomyopathie ne suivent pas les recommandations internationales en matiere de suivi medical. La mise en place d’un suivi a long terme et d’une consultation dediee ameliore leur chance de suivre les recommandations.