La neutralité thermique atténue la perte osseuse d’immobilisation en préservant le métabolisme énergétique

Le modèle murin de suspension par la queue (SUSP), qui met en décharge les pattes arrières, induit une perte osseuse des membres postérieurs ainsi qu’une expansion du tissu adipeux médullaire (BMAT). Cependant, la BMAT étant dépendante du métabolisme énergétique, elle pourrait être augmentée lors de la SUSP, où les conditions expérimentales pourraient altérer la température corporelle. Nous avons donc comparé les effets osseux de la SUSP à 22 °C, température expérimentale standard, à ceux à 28 °C, soit dans la zone de thermoneutralité chez la souris. Des souris mâles C57BL/6 J âgées de 16 semaines ont été acclimatées pendant 4 semaines en cage individuelle puis soumises à la SUSP ou maintenues dans une cage contrôle (CONT) pendant 14 jours à une température environnante de 22 °C ou 28 °C. La prise alimentaire des souris CONT a été appariée à celle des souris SUSP (201611231457342-V6, CEEAL-UJM#98). Des scans μCT in vivo ont été réalisés à J0 et J14. En fin de protocole, les fémurs ont été prélevés pour des analyses histomorphométriques, une quantification de la BMAT par imprégnation osmium, et une analyse des ARNm de l’os cortical par RT-qPCR. À 22 °C, les souris SUSP présentent des taux sériques de leptine largement inférieurs ainsi qu’un volume de BMAT supérieur à leur CONT. À 28 °C, aucune variation de ces paramètres n’est observée entre CONT et SUSP. La perte osseuse trabéculaire est respectivement 3,7 et 1,5 fois plus élevée chez les souris CONT 22 °C et SUSP 22 °C comparés aux groupes respectifs à 28 °C. Des résultats similaires ont été trouvés dans l’os cortical. Les surfaces ostéoclastiques trabéculaires sont plus élevées à 22 °C (Oc.S/BS, % : 6,6 chez CONT et 8,0 chez SUSP) qu’à 28 °C (Oc.S/BS, % : 2,3 chez CONT et 3,9 chez SUSP). Au niveau cortical, les expressions géniques sont plus élevées pour les facteurs apoptotiques DDIT3 et P27 ainsi que pour RANKL chez SUSP 22 °C comparé à SUSP 28 °C. Aucune variation significative n’a été cependant observée entre les CONT et les SUSP. Le modèle de suspension implique un isolement de la souris ainsi qu’une absence d’enrichissement de l’environnement qui empêche la fabrication d’un nid. Une température de 22 °C, inférieure à la thermoneutralité, induit un stress thermique qui augmente les dépenses énergétiques, modifie le métabolisme, diminue la masse osseuse et influence la cinétique de perte osseuse chez les SUSP. Il est donc important de tenir compte des facteurs susceptibles de modifier la thermorégulation, pour dégager les effets de l’immobilisation seule.