Anticorps monoclonaux conjugués et bispécifiques en cancérologie – compte rendu de la Journée de Saint Louis 2022

Les anticorps monoclonaux conjugués (ADC) et les anticorps bispécifiques sont en plein essor et ont fait l’objet de la manifestation scientifique proposée par la Société française de pharmacie oncologique, le 13 octobre 2022. Un ADC est composé de l’anticorps ciblant un récepteur exprimé sur la cellule tumorale, de l’espaceur permettant de rattacher le cytotoxique à l’anticorps et de contrôler sa distribution dans l’organisme et du cytotoxique. Les anticorps thérapeutiques, nus et conjugués, présentent une pharmacocinétique particulière. Contrairement aux anticorps nus pour lesquels la dose standard est le plus souvent fixe, celle-ci est exprimée en mg/m2 (ou mg/kg) et plafonnée à 2m2 (ou 100kg) pour les conjugués. Les cytotoxiques liés sont des cytotoxiques puissants : poisons du fuseau mitotique (emtansine, monométhyl auristatine E ou védotin), inhibiteurs de topoisomérase I (déruxtécan, SN 38) ou antibiotique (ozogamicine). En sénologie, le trastuzumab déruxtecan (anti-HER2) et le sacituzumab govitécan (anti-Trop 2) modifient désormais les standards de traitement des patientes présentant un cancer du sein métastatique, respectivement HER2 3X ou HER2 low et triple négatif. Dans le cancer de la vessie métastatique, c’est l’enfortumab védotin (anti-nectine 4) qui se positionne en deuxième ligne de traitement. Les anticorps bispécifiques, quant à eux, sont capables de cibler deux épitopes, un antigène spécifique d’une cellule tumorale et un d’une cellule de l’immunité, permettant un pontage entre les cellules immunitaires tueuses et les cellules tumorales. Dans les hémopathies lymphoïdes, de nombreux anticorps bispécifiques sont en développement. Les plus avancés sont le glofitamab, l’epcoritamab et le mosunétuzumab qui ciblent le CD20 des lymphocytes B et le CD3 des lymphocytes T. Des anticorps bispécifiques émergent aussi dans le traitement du myélome avec le téclistamab et l’elranatamab (anti-CD3 et anti-BCMA) ou le talquétamab (anti-GPRC5D et anti-CD3). Les anticorps conjugués et, plus récemment, des anticorps bispécifiques suscitent beaucoup d’intérêt et de recherche pour en améliorer l’efficacité et la tolérance.