Modifications des recommandations de la Haute Autorité de santé concernant le diagnostic de la dénutrition : application par les professionnels de la nutrition en pratique clinique

Les nouveaux critères de diagnostic de la dénutrition de la Haute Autorité de Santé (HAS) proposent d’évaluer la force et/ou la masse musculaires des patients. Les méthodes de mesure sont peu accessibles en pratique. L’albuminémie est maintenant considérée comme un critère de sévérité de la dénutrition. Notre objectif était d’évaluer l’impact de ces changements de recommandations sur les pratiques des professionnels impliqués dans le dépistage et le diagnostic de la dénutrition. Le conseil scientifique de la Société Francophone Nutrition Clinique et Métabolisme (SFNCM) a mis en place à l’aide de google forms® un sondage diffusé par mail auprès des adhérents de la société. Nous avons obtenu 363 réponses. Quatre-vingt-sept pour cent et 77 % des répondants déclaraient ne réaliser que rarement ou jamais l’évaluation de la masse ou de la force musculaires. Une minorité des professionnels déclarait être équipée pour réaliser ces évaluations (38 % ont un dynamomètre, 23 % un impédancemètre). Cependant, même ceux déclarant y avoir accès n’y recouraient pas régulièrement. En ce qui concerne l’albuminémie, près de la moitié des personnes interrogées déclarait l’utiliser afin d’établir le diagnostic de la dénutrition. Les professionnels en charge du diagnostic de la dénutrition sont peu nombreux à être en capacité de mettre en application l’évaluation de la masse et de la force musculaires par manque d’accès aux techniques. L’albuminémie comme marqueur de sévérité de la dénutrition semble ambigu pour certains. La formation des équipes ainsi que la mise en place de financements pour l’équipement semblent donc des prérequis au succès de l’implémentation de ces recommandations. The new diagnostic criteria of the french health authority (HAS) for undernutrition suggest assessing patients’ muscle strength and/or mass. The methods are less available in practice. Albumin levels are now considered as a criterion for the severity of undernutrition. Our aim was to assess the impact of these changes in recommendations on the practices of professionals involved in screening for and diagnosing undernutrition. The Scientific Advisory Board of the french speaking society for clinical nutrition and metabolism (SFNCM) used google forms® to conduct an e-mail survey of the society's members. We obtained 363 responses. Eighty-seven percent and 77% of respondents respectively stated that they rarely or never assess muscle mass or strength. A minority of professionals said they were equipped to carry out these assessments (38% had a dynamometer, 23% an impedancemeter). However, even those had access to them did not use them regularly. With regard to albuminemia, almost half of those questioned said they used it to diagnose malnutrition. Few of the professionals responsible for diagnosing undernutrition are able to assess muscle mass and strength, due to a lack of muscle mass and strength due to a lack of access to techniques. The use of albumin levels as a marker of the severity of undernutrition seems ambiguous to some. The training of teams and funding for equipment would therefore seem to be prerequisites for the successful implementation of these recommendations.