Dysplasies conventionnelles et non conventionnelles compliquant les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin

Par rapport à la population générale, les patients atteints d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI), qu’il s’agisse d’une rectocolite hémorragique (RCH) ou d’une maladie de Crohn (MC), présentent un risque accru de développer certains cancers, en particulier les cancers colorectaux (CCR). Les CCR, dont la grande majorité sont des adénocarcinomes, se développent à partir d’une lésion précancéreuse appelée dysplasie (ou néoplasie intra-épithéliale), selon une séquence inflammation–dysplasie–adénocarcinome. L’avènement de nouvelles techniques d’endoscopie, notamment de techniques de visualisation et de résection, a conduit à revoir la classification des lésions de dysplasie, qui sont désormais classées en lésions visibles ou invisibles, ainsi que leur prise en charge thérapeutique, avec une approche plus conservatrice du cadre colorectal. Par ailleurs, à côté de la dysplasie conventionnelle, de phénotype intestinal, classiquement décrite dans les MICI, sont désormais décrites des dysplasies non conventionnelles (par opposition à la dysplasie conventionnelle de phénotype intestinal), qui sont au nombre de sept. La reconnaissance de ces sous-types non conventionnels encore mal connus des pathologistes devient cruciale, car certains de ces sous-types semblent être à risque élevé de développer une néoplasie avancée (c.-à-d. une dysplasie de haut grade ou un CCR). Cette revue décrit brièvement les caractéristiques macroscopiques des lésions dysplasiques dans les MICI, ainsi que leur prise en charge thérapeutique, puis les caractéristiques clinicopathologiques de ces lésions dysplasiques, en insistant plus particulièrement sur les nouveaux sous-types de dysplasie non conventionnelle, à la fois d’un point de vue morphologique et moléculaire.