Consommation de cannabidiol : quelle place dans le champ de la douleur et de l’addiction ? Prévalence et caractéristiques des consommateurs à partir de l’étude ESCAPE

Contexte Le cannabidiol (CBD) est un cannabinoïde dont les effets pharmacologiques commencent à être connus. Les personnes traitées pour des douleurs chroniques et celles suivies pour une problématique addictive sont des populations particulièrement susceptibles de consommer du CBD, avec des finalités différentes. L’objectif de notre étude était d’estimer la prévalence de la consommation de CBD dans ces deux populations et de caractériser les consommateurs de CBD. Méthode Une étude observationnelle transversale multicentrique a été menée par le CHU de Nantes et le CHD de Vendée. Tous les patients ayant bénéficié d’une consultation ou d’une hospitalisation en algologie ou en addictologie du 05/05/2020 au 23/07/2021 ont été inclus. Un hétéro-questionnaire a permis de recueillir les données sociodémographiques, médicales et sur la consommation de substances, dont le CBD. La prévalence de consommation de CBD correspondait à la proportion de patients ayant consommé au moins une fois du CBD dans les 12 mois précédant l’entretien, rapportée à l’ensemble des patients. Les caractéristiques des consommateurs et non-consommateurs de CBD ont été comparées dans chacune des deux populations de patients. Résultats Au total, 703 patients ont été analysés, 520 en algologie (majoritairement des femmes, âge moyen 50 ans) et 183 en addictologie (majoritairement des hommes, âge moyen 41 ans). La prévalence de consommation de CBD était de 16,0 % (13,0–19,5 %) en algologie et de 38,3 % (31,3–45,7 %) en addictologie. Les patients consommateurs de CBD étaient plus jeunes que les non-consommateurs dans les deux populations, présentaient plus souvent des co-morbidités psychiatriques et ont plus souvent déclaré consommer du cannabis (7 fois plus en algologie et 2 fois plus addictologie), du tabac et utiliser une e-cigarette. En addictologie, les consommateurs de CBD consommaient aussi plus souvent d’autres substances (cocaïne, héroïne, MDMA, ecstasy). En algologie, les consommateurs de CBD étaient moins fréquemment traités par antalgiques à visée anti-nociceptive et par topiques analgésiques. Conclusion La prévalence de consommation de CBD était non négligeable dans notre étude, avec une prévalence plus importante chez les patients suivis pour une problématique addictive. Des caractéristiques générales des consommateurs de CBD se dégagent : des patients jeunes, fragiles sur le plan psychiatrique. Chez les patients douloureux chroniques, les consommateurs de CBD étaient ceux qui consommaient le moins d’antalgiques. En revanche, chez les patients suivis en addictologie, les consommateurs de CBD étaient les plus grands consommateurs de substances psychoactives.