Internet dans la reconfiguration des répertoires d’action du mouvement « féministe agroécologique » brésilien

La nécropolitique bolsonarienne et les assauts renouvelés à l’environnement viennent réaffirmer l’emprise de l’agrocapitalisme au Brésil. Le néolibéralisme autoritaire assuré par Jair Bolsonaro s’inscrit dans la lignée d’une histoire de masculinité coloniale et de processus assurés depuis le golpe : démantèlement des protections environnementales, atteinte aux droits et vies des populations indigènes et rurales, explosion des conflits territoriaux, renforcement des forces politiques et économiques « du bœuf, de la Bible et de la balle ». Face à cette emprise, comment peut s’organiser une alternative socio-environnementale ? Sur la base d’entretiens et d’une analyse lexicométrique des messages publiés dans Facebook, entre 2013 et 2017, par des membres de l’« espace féministe agroécologique », cet article dégage les stratégies de résistances et les répertoires d’action pluriels et connectés qui sont mobilisés pour structurer, visibiliser puis coordonner une alternative féministe environnementaliste. Cette recherche révèle comment les militant·es luttent contre les différentes formes de violences agrocapitalistes et construisent une alternative au moyen de techniques de lutte spécifiques déployées au sein des organisations militantes, à l’intersection des différents réseaux d’acteur·rices impliquées et à l’aide des réseaux sociaux numériques, notamment les pages Facebook animées par les collectifs de militant·e·s.