Impact de la gale sur la qualité de vie : étude multicentrique chez 104 patients suivis en dermatologie à Dakar, Sénégal

La gale est une maladie tropicale négligée (MTN) qui touche entre 150 à 200 millions de personnes au monde. Nos objectifs étaient d’évaluer l’impact de la gale sur la qualité de vie (QDV) et d’évaluer le retentissement psychologique, social, professionnel et scolaire de la gale chez des patients consultant dans des services de dermatologie à Dakar. Il s’agit d’une étude longitudinale multicentrique prospective qui a été menée du 18 août au 19 décembre 2020, aux services de Dermatologie-Vénéréologie de l’Institut d’Hygiène Sociale, du Centre Hospitalier National Aristide Le Dantec, et du Centre Hospitalier National d’Enfant Albert Royer. Le diagnostic de gale etait retnu sur les criteres de l’IACS (International Alliance for the Control of Scabies) 2020. Les questionnaires Dermatology Life Quality Index (DLQI) et Child Dermatology Life Quality Index (CDLQI) étaient utilisés. La saisie et l’analyse des données étaient effectuées grâce aux logiciels “IBM SPSS Statistics” version 26. Les tests du Khi 2 ou de Fischer étaient utilisés dans leurs conditions d’applicabilité( p < 0,05). Nous avons inclus 104 patients atteints de gale âgés de 2 mois à 80 ans (60 adultes et 26 enfants). Le sex-ratio était de 0,8. Les troubles du sommeil étaient présents chez 81,3 % des patients. Le score moyen du CDLQI était de 7,8 ± 3,49 (7–15). Le score moyen du DLQI était de 8,1 ± 4,75 (6 et 16). Plus de la moitié des adultes avaient un effet modéré à important sur la QDV. Le retentissement psychologique concernait aussi bien les enfants que les adultes (sentiments de tristesse chez 84,6 % des enfants et de gêne et d’embarras chez 70 % des adultes). Chez les enfants, le retentissement concernait aussi la qualité du sommeil (80,8 %), et les activités de loisirs (53,8 %). Les femmes avaient un retentissement plus important que les hommes sur les relations sociales (60,5 % vs 18,2 %), les habitudes vestimentaires (57,9 % vs 18,2 %) et les activités quotidiennes (57,9 % vs 36,4 %) et de loisirs (52,6 % vs 45,5 %). Le retentissement sur les activités scolaires et professionnelles concernait plus les hommes que les femmes (54,5 % vs 29 %). Des liens statistiquement significatifs ont été trouvés entre la sévérité du score DLQI et le revenu mensuel moyen ( p = 0,03), les troubles du sommeil ( p = 0,002) et la dépigmentation cosmétique volontaire ( p = 0,04). La présence de consultations préalables était significativement associée à la sévérité des scores CDLQI et DLQI ( p = 0,04). Les troubles du sommeil étaient présents chez la grande majorité des patients. Le score moyen du CDLQI montrait que la moitié des patients avaient un effet modéré à important sur la QDV. Plus des 2/3 des adultes avaient un score moyen du DLQI qui correspondait à un effet modéré à important sur la QDV.